lundi 31 mars 2014

There will be maple syrup

Aujourd'hui je vais vous faire découvrir un élément typiquement canadien, sinon typiquement québécois : l'érablière. Une érablière désigne une exploitation tournée vers la culture d'érable à sucre (acériculture) et la production de sirop d'érable. Après avoir uniquement privilégié l'aspect agricole, la plupart intègrent désormais une partie restaurant qui permet de faire découvrir le vrai petit-déjeuner canadien et toutes les façons d'accommoder le sirop d'érable. J'ai eu la chance de m'y rendre la semaine dernière, chez "Ti-Paul".


Elle se situe à un peu plus d'une heure de Rouyn, non loin de la station dont je vous ai parlé dans mon dernier billet. Les dernières 10 minutes de trajet sont d'ailleurs assez rock'n'roll, avec des montées et des descentes sur une piste enneigée qui lui donne des airs de rallye. Après un petit temps d'attente, nous nous sommes installés, puis les différents plats commencent à arriver : fèves au sirop d'érable, pommes de terre vapeur, charcuterie en tout genre, omelette... Au final, ça donne ça :

Oui, le pain fait tache

Et surtout le sirop d'érable. Partout, tout le temps, on n'a jamais assez de sirop d'érable. Et si vous avez encore faim, ils vous achèvent à coup de pancakes, je vous laisse deviner ce que vous pouvez mettre dessus. Le repas s'est ensuite déplacé à l'extérieur, pour la traditionnelle tire d'érable, qui consiste à verser le sirop d'érable sur de la neige fraîche et de l'enrouler autour d'un petit bâtonnet à la manière d'une sucette au moment où il se solidifie.





Je n'ai as osé mesurer mon taux de cholestérol et de sucre dans le sang. L'érablière, c'est une fois par année sous peine de mourir d'une attaque cardiaque foudroyante si on augmente la dose.

mardi 25 mars 2014

Ma cabane au Canada

(Saviez-vous que j'ai parfois honte de mes titres ?)

Bonjour à tous !

Aujourd'hui je vous emmène pour une ballade impromptue. Je dis impromptue parce qu'elle a été décidée du jour au lendemain. L'explication du pourquoi de ce départ soudain va d'ailleurs être l'occasion pour moi de vous éclairer un peu plus sur l'objet de mon stage à Rouyn-Noranda.

Le but de mes recherches est de détecter d'éventuelles adaptations du cèdre blanc (également appelé thuya occidental, Thuja occidentalis pour son nom scientifique) aux feux de forêt en étudiant son information génétique. Mais au-delà de ça, le but serait d'observer une évolution de cette adaptation, qui serait plus ou moins forte en fonction de l'importance des feux. J'ai donc pour cela besoin d'étudier des échantillons anciens datant de différentes époques, récupérés dans des carottes préalablement prélevées.


Thuja occidentalis

J'ai à ma disposition deux carottes : une première déjà triée et une seconde encore intacte mais qui n'était pas à l'université. J'ai donc commencé avec la première. Il faut s'avoir qu'après quelques milliers d'années passées sous la terre, il ne faut pas espérer récupérer une brindille intacte (qu'on serait bien en peine de différencier des autres espèces d'ailleurs), ni même une aiguille (même si les feuilles du cèdre ne sont pas à proprement parler des aiguilles, mais passons). Non, tout ce qu'on récupère, c'est une minuscule écaille de moins d'un millimètre d'épaisseur ! Autant dire que c'est un travail de fourmis, qui ne se fait qu'à la loupe binoculaire et qui prend beaucoup de temps car quand on n'a pas beaucoup d'expérience comme moi, tout se ressemble (j'essaierai de prendre une photo un de ces jours) !


Une loupe binoculaire

Toujours est-il qu'après une première séance de recherche de thuja (puisqu'il ne me faut QUE ça et rien d'autre qui pourrait contaminer mes échantillons), je me suis rendu compte que la quantité d'échantillons présents allait être insuffisante. Et c'est pour ça que, accompagné de la personne qui m'accordait généreusement une part de son temps pour apprendre à reconnaître les morceaux de thuja parmi les restes et d'une autre qui a fait office de chauffeur, nous sommes allés chercher la deuxième carotte dans l'espoir d'y trouver plus d'échantillons, à la Station de Recherche du Lac Duparquet.

La station Duparquet, c'est l'équivalent de la Station Alpine Joseph Fourier pour les étudiants de l'UJF. Une station de recherche construite tout près du terrain pour pouvoir y mener facilement des expériences. Plusieurs laboratoires, des ressources informatiques, du matériel spécialisé et même une forêt d'étude entièrement consacrée à la recherche en foresterie. Bref, un outil sacrément utile pour les scientifiques de la région. C'est d'ailleurs non loin de la station qu'avait été prélevée la carotte que je venais chercher.




Et donc, tout ce chemin juste pour ramener une carotte... Un aller-retour juste pour ça ? Que nenni, inconscient ! Car comme pour son équivalent végétal, avant de faire quelque chose de cette carotte, il fallait la découper. Il faut savoir que l'accumulation de terre dans la carotte représente le passage du temps, et que plus on va chercher profondément dans celle-ci, plus on remonte dans le passé. En résumé, en piochant ici et là à différente profondeur, on peut observer une évolution d'une caractéristique dans le temps... comme par exemple l'information génétique.

C'est ainsi que je me suis employé à découper une carotte de 86 cm de long en tranche de 5 millimètres, ce qui à l'arrivée représente... 172 échantillons à mettre dans des petits sacs. Autant dire qu'avec l'attention et la précision requise, j'y ai passé la journée.



Quand je vous parlais de matériel de pointe...

Au début, quand j'étais encore motivé.


172 !!



Même si je n'ai exploité qu'une petite partie des ressources de la station, j'ai pu la visiter un peu. Mais une bonne partie du bâtiment, c'est ça :




Des cartons partout, aux noms étranges et au contenu improbable.




 Pour les amateurs de dendrochronologie

Et avant de reprendre la voiture, on passe devant une étagère qui nous rappelle les gloires passées de la station.




Au moment où j'écris ce post, je suis en train d'attendre les résultats de l'analyse réalisée sur les restes trouvés dans la nouvelle carotte, qui s'est avérée bien plus généreuse que la précédente. Je vous remercie donc pour partager avec moi ce moment de stress...

A bientôt !

dimanche 9 mars 2014

Esclave de l'audimat

Même si je ne me fais pas d'illusion sur le nombre de lecteurs de ce blog, ça me fait plaisir de voir les statistiques des visites grimper à chaque nouveau billet. J'ai donc mis en place quelques outils (dans la colonne à la droite de votre écran) pour que vous restiez informés de la sortie des prochains billets :
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Et pour ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux, pas d'inquiétude, je continuerai à vous tenir informés par ce biais.

Merci d'avance et à la semaine prochaine !

Far West

Houla !

Même si on n'est pas encore dans les extrémités atteintes lors de la saison précédente, je dois avouer que je me suis tu un peu trop longtemps. Si je n'ai pas d'autre justification que la flemme pour le week-end du 1er et 2 mars, j'ai en revanche été retenu loin de mon ordinateur entre le vendredi 14 et le lundi 24 février pour cause de voyage... à Calgary. Oui oui, à l'endroit même où j'avais passé 9 mois l'année dernière au cours de mon année d'échange. L'occasion était pour moi de profiter de la semaine de vacances (ou de relâche comme on dit au Québec) pour revoir des paysages connus et des personnes que j'avais rencontrées l'année dernière et qui me manquaient beaucoup après 9 mois loin de Calgary.

Je vous l'ai déjà dit, Rouyn c'est cool. Sauf quand on veut s'en éloigner. J'ai donc commencé mon voyage par un périple assez intense. Après avoir trépigné toute la journée le vendredi, je prends finalement mon bus à 21h30, direction Montréal, que j'atteins à 6h30 du matin, après une petite pause poutine vers 2 heures du matin qui va me rester sur le bide durant tout le trajet. Comme je n'arrive jamais à dormir dans les bus, je vous laisse imaginer mon état à mon arrivée à la gare routière. Je tente alors de dormir une petite vingtaine de minutes dans le taxi jusqu'à l'aéroport de Montréal, où j'attends durant cinq heures mon vol, ne me sentant pas le courage d'aller visiter la ville avec mes grosses valises et ma fatigue. Donc je regarde ce qui se passe autour de moi.

Ça donne vachement envie, les poubelles pour récupérer
l'eau qui goutte du plafond qui menace de s'effondrer ...

La moitié de l'aéroport massée devant les écrans qui diffusent
le quart de finale de hockey Russie-USA aux JO de Sotchi.

Mon vol décolle enfin (j'avais une petite appréhension suite au vortex polaire qui bloquait une partie des aéroports d'Amérique du Nord), direction Winnipeg (dans la province de Manitoba) pour une escale. Manitoba, c'est plat. Genre super plat. Genre on n'apprend pas à faire un démarrage en côte quand on passe son permis tellement ça sert à rien. Et quand c'est couvert de neige, c'est encore plus flagrant. Calgary m'avait déjà étonné sur ce plan-là, mais Manitoba bat tous les records.


Une heure et demie après, j'étais reparti, direction Calgary pour de bon cette fois. Quel bonheur de retrouver ces personnes et ces lieux après tout ce temps ! Vacances oblige, une bonne partie de mes petits camarades étaient absents, mais certains étaient encore sur place et ça a été une vraie joie de les retrouver et de se donner des nouvelles. J'étais d'ailleurs tellement euphorique que j'ai un peu oublié de prendre des photos... Je peux au moins vous raconter que j'ai eu le temps d'aller voir un film ("Her" avec Joaquin Phoenix, terrible !), je suis retourné voir l'université, j'ai redécouvert le centre-ville (qui avait été en partie dégradé par des inondations l'été dernier), je me suis fait invité plein de fois au resto, bref ça a été vraiment génial.

J'ai recommencé à faire des photos sur la fin, peut-être parce que l'euphorie commençait à retomber à cause du retour qui approchait, lors d'un séjour à Banff, la petite ville des Rocheuses (dont je vous avais déjà parlé dans un ancien billet). Une petite virée qui a été l'occasion de se balader en ville, dans la forêt ou encore sur une rivière gelée.








Bref, on a passé quelques jours plutôt détendu, à se balader dans les pourtours de Banff et à... OH LA VACHE, LA, UN CERF!!!










Sans rire, c'était le plus beau cerf du monde. En tout cas de mon point de vue. Si voir de la vie sauvage d'aussi près peut paraître normal à un Canadien, moi j'étais comme un gosse qu'on emmène au zoo pour la première fois. Visiblement habitué du coin (on n'était pas très loin du centre-ville, comme en témoigne les tables de pique-nique), il s'est avancé sans broncher et sans être gêné par notre présence pour aller chercher de la nourriture. Je ne sais pas si les photos le font vraiment passer, mais je n'avais rien vu d'aussi balèze et majestueux de toute ma vie. Ajoutez le traîneau à touriste rouge qui est passé à côté de nous et on se serait vraiment cru au pays du Père Noël.


Peut-être que cette vision enchanteresse a permis d'adoucir mon départ. J'ai une sainte horreur des "Au revoir". Je n'ai jamais accepté la phrase "On part pour mieux se retrouver", dire "Au revoir", c'est déchirant, point à la ligne. Mais vu le timing que je m'étais imposé pour rester le plus longtemps possible à Calgary, pas le temps de m'apitoyer sur mon sort. Décollage le dimanche 23 à 12h30, direction Montréal où j'ai atterri à 18h30. Puis retour en bus vers Rouyn pour une arrivée à 8h30 le lundi matin, après une nuit sans sommeil pour arriver au labo à 9 heurs. C'était le prix à payer pour avoir passé cette merveilleuse semaine auprès de personnes que j'apprécie beaucoup et d'un endroit où j'ai passé des moments merveilleux et que j'ai hâte de revoir.