lundi 19 août 2013

Long time no see

Croyez-moi, je ne vous ai pas oubliés.

Ce manque de sérieux m’a même pas mal tourmenté au cours des derniers mois. Je sais que c’est lâche de se décharger de ses responsabilités sur les autres, mais les aléas de la vie (qui ne sont pas toujours négatifs d’ailleurs) m’ont tenu éloigné de ce blog à partir de la fin mars. Ajoutez à cela la tension montante alors que la date du retour approchait et l’anxiété à propos de mes résultats et de la poursuite de mes études et vous comprenez alors mieux le pourquoi de ce grand silence.

Mais maintenant que je suis de retour depuis bientôt trois mois et que les choses se sont posées, il est temps de faire un petit bilan, avant de refermer définitivement les pages du souffle du Chinook.


Le temps passe et beaucoup de choses ont changé
- Comment disent les Nèg' Marrons

Je suis parti car j'avais besoin d'un changement profond. J'en avais assez de tourner en rond, je devais casser mes petites habitudes, voir des gens et des lieux différents. J'avais parfois l'impression que ce que je faisais était inutile. Mais comment y parvenir dans un environnement où tout semble familier, où il restera toujours quelque chose ou quelqu'un qui me sera familier ? Alors je suis parti. J'ai mis un petit coup de collier pour préparer mon voyage, puis j'ai laissé les choses se dérouler d'elle-même. Seul dans un pays où tout m'était inconnu, je n'avais d'autres choix que d'aller vers de nouvelles personnes, essayer de nouvelles activités, voir de nouveaux endroits.

Je n'ai pas été déçu. J'irai presque jusqu'à dire que j'ai eu l'impression de revivre. Cette liberté de faire ou voir ou dire, sans craindre les a priori, m'a permis de faire des rencontres magnifiques. J'ai dit "Oui" à des opportunités auxquelles j'aurai peut-être dit "Non" quelques mois auparavant. Je pense ne m'être jamais senti aussi heureux que durant cette année, habité d'une toute nouvelle énergie qui m'a porté chance dans tout ce que j'ai entrepris et qui, à elle seule, justifie cette année passée loin du cocon familier et rassurant.

Je ne vous ennuierai pas plus avec mes épanchements introspectifs, mais je ne pouvais pas ignorer ce chapitre dans un bilan de mon voyage.

Ce voyage, ç'aura aussi été une réussite sur le plan scolaire. Je ramène dans mes bagages des résultats supérieurs à ceux engrangés ces dernières années ainsi qu'une aisance en anglais que je n'aurai jamais eue même après des années de cours si j'étais resté en France. J'ai non seulement eu la chance de profiter des infrastructures somptueuses de l'université de Calgary, mais aussi de découvrir une approche sensiblement différente d'aborder mes études qui m'a amené à penser autrement. Ça a pu se traduire concrètement lorsque j'ai été confronté à des exercices présentant des cas de figure assez peu communs en France (ex : prendre en compte qu'en hiver la température ne tombera pas à -20°C mais à -50, penser que les ours bruns ne sont pas en danger mais parfois plutôt des menaces pour l'Homme...) ou plus subtilement quant aux méthodes utilisées pour répondre à ces questions. En tout cas, je n'ai aucun doute sur le bien que cela m'apportera dans la poursuite de ma formation, et c'est déjà peut-être le cas puisque j'ai été admis dans la suite de mon Master après une sélection assez ardue.

C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons que j'encourage vraiment ceux qui en ont l'opportunité de faire la même chose d'y aller sans hésiter. Avec les moyens mis a disposition (notamment le financement, qui est souvent le point le plus problématique), c'est désormais une expérience géniale à la portée de tous.

Et maintenant, que faire ? D'abord passer à autre chose, car il ne faut pas que je perde de vue qu'il reste encore beaucoup à faire durant mes études. Et si j'ai laissé beaucoup d'amis là-bas dans le Grand Nord, il y a un tas de gens qui m'aiment ici et dont je vais me faire un plaisir de pourrir les après-midi à coup d'anecdote et de revue de photos. Mais un jour y retourner, peut-être. La vie est, paraît-il, un éternel recommencement.

Merci à tous de m'avoir lu, merci d'avoir apprécié ou non, mais au moins d'avoir rendu ce blog vivant malgré mon manque d'assiduité. Je referme à présent définitivement la dernière page de ces aventures canadiennes. Pendant ce temps, le Chinook continue de souffler et lui, contrairement à ces lignes, ne connaîtra pas de fin.


Neil McCandless