lundi 12 novembre 2012

Calgary, Alberta

Et nous y voilà. Enfin. Et ça fait déjà deux mois que ça dure.

Je ne suis pas parti sur un coup de tête. Ce voyage est l’aboutissement d’un long processus de deux ans, si l’on part du moment où j’ai vraiment voulu faire mes études à l’étranger. A l’époque, alors que je comptais partir pour ma troisième année de licence, mon rêve s’était brisé dès la première étape après que mon dossier ait été retoqué car il ne rentrait pas dans les petites cases de l’Administration. La nouvelle tentative de cette année ne fut pas moins laborieuse : retard dans la restitution des dossiers, mécompréhension des consignes, tragique illustration de l’incommunicabilité entre les hommes, … J’en venais à me demander s’il n’y avait pas une puissance supérieure à l’œuvre lorsque je me suis aperçu, le jour de mon départ, que le seul avion annulé pour cause de grève était le mien. Tel que je me connaissais, je ne pouvais être sûr que mon projet se concrétise avant de pouvoir lire de mes propres yeux "Welcome to Calgary".

Commençons par resituer l'action : l'histoire se passe à Calgary, grande ville de l'Ouest canadien, dans la province de l'Alberta, où je vais effectuer ma première année de Master en écologie.


Comme la plupart des villes canadiennes anglophones (j'ai cru comprendre que le Québec essayait de se distinguer du reste du pays sur à peu près tous les points), elle est constituée d'un centre-ville très moderne comprenant essentiellement des bâtiments d'affaires.

The Bow - Toute dernière tour construite à Calgary, fleuron de la
construction basse consommation, elle abrite essentiellement des banques.


Downtown - Vue du centre-ville depuis l'un des quartiers le
plus chic de la ville.

Mais cela ne constitue qu'une infime partie de la ville. Je vis donc dans une de ces innombrables maisons individuelles que comporte la banlieue de Calgary.

Ma rue - Palpitant, n'est-ce pas ?


Chantier - Photo prise début septembre, alors que les ouvriers se dépêchaient
de finir le toit avant la tombée de la neige.

Calgary vit sur les "contreforts" des Montagnes Rocheuses, une gigantesque ligne de montagnes qui traverse l'Amérique du Nord (en fait elles sont à 120 km, mais l'Alberta étant grande comme la France et le Canada grand comme l'Europe, on peut dire que c'est la porte à côté). Elle se situe à la limite des grandes plaines à l'Est, ce qui explique l'aspect désertique de la région, et des montagnes à l'Ouest, sur lesquelles les nuages viennent se heurter, ce qui lui garantit un enneigement sans égal en hiver.

Et merde, on s'les gèle ici - Et encore, ce ne sont que les premières neiges.

Je vis donc dans un appartement aménagé dans le sous-sol d'un pavillon de banlieue. Enfin, ici, on ne parle pas de sous-sol mais plutôt de basement suite, ça sonne quand même un peu mieux. Je partage quatre pièces avec un colocataire qui lui partage sa vie entre le patinage de vitesse et ... Non, en fait il passe l'essentiel de sa vie à 40-50 km/h sur l'anneau de vitesse olympique situé non loin de chez nous.

Ces flèches expliquent bien - Non ?

Mauvaise photo de l'anneau olympique - Si je ne sais pas bien prendre
de photo, au moins je suis honnête.

Mon quartier se situe entre la Bow River et le campus universitaire. La Bow River coupe Calgary selon un axe Nord Ouest-Sud Est et toute la ville est organisée autour de son cours sinueux (elle définit même le numéro des rues et avenues). On est loin de l'image des fleuves français pépères, puisque la descente de la Bow River en rafting au sein même de la ville est une attraction très courue, et même, si vous sortez tard du supermarché du coin, vous pourrez apercevoir au détour d'un building un pêcheur en train de préparer ses appâts.



Ça mord ? - L'histoire ne dit pas si la pêche fut concluante.


Le campus regroupe un certain nombre d'écoles dont la principale est bien entendu l'Université de Calgary. A l'image des campus dit "à l'américaine", c'est une sorte de ville dans la ville, où l'on pourrait facilement survivre sans avoir jamais à en sortir : résidences étudiantes, supermarchés, fast-food allant du plus basique vendeur d'hamburgers au plus sophistiqué café bio "Good Earth" (enfin bon, sophistiqué à l'échelle d'un étudiant, ne rêvons pas), équipements sportifs, galeries marchandes, sans compter les innombrables clubs étudiants dédiés à des sujets aussi divers que le cinéma, le hip-hop ou la pop coréenne. Concernant l'université en elle-même, chacune des composantes possède son propre bâtiment (qui comportent jusqu'à 200 salles de cours réparties sur 12 étages pour les plus grands !) tous reliés par des tunnels ou des ponts couverts pour éviter de geler sur place lors des grands froids. On compte également une quinzaine de bibliothèques, allant de la modeste bibliothèque de géologie, 100 m² et 6 ordinateur, à la clinquante TFDL, la plus récente d'entre toutes, 6 étages, 400 ordinateurs dont 50 iMacs, une vingtaine de salles de travail avec caméra et écran plasma pour travailler les présentations orales, une quantité astronomique de livres et de journaux et tout un tas de trucs complètement dingues que je ne pensais jamais voir dans une bibliothèque universitaire (entre autres une platine de mixage et 6 ordinateurs entièrement dédiés au jeu en réseau, je serais curieux de connaître la raison "pédagogique" de leur présence).

Le savoir 24/24 - La TFDL reste ouverte de jour comme de nuit en période
d'examen. La Taylor Family Digital Library tire son nom des principaux
donateurs privés pour ce projet qui a coûté plus de 200 millions de dollars.

La vie étudiante est particulièrement active à Calgary, aussi il n'est pas rare de voir, au moins une fois par semaine, un type se balader avec un costume de dinosaure pour faire de la pub pour le prochain match de football américain (il faut savoir que l'équipe locale est surnommée The Dinos sinon cette information n'a aucun sens) ou un jacuzzi géant monté au sur la place centrale tandis qu'un speaker fait la promotion du club de ski (là par contre, c'est juste parce que les filles en maillot de bain, ça attire les badauds).

Statue d'un goût certain - Faut vraiment être fan de football américain.

Il paraît que ça détend - Si j'ai bien compris le dialecte de l'animateur, on fait
ce genre d'activité pour aider à forger un esprit d'équipe. Sont fous ces Canadiens.

Comme je l'ai écrit plus haut, je n'habite pas loin du campus. Enfin, à vol d'oiseau, non, ce n'est pas loin. Disons que les transports en commun devant desservir une superficie supérieure à celle de la ville de New York, les pouvoirs publics n'ont pas forcément pensé à adapter les lignes de bus à mon cas particulier. Donc plutôt que de faire quatre correspondances, je préfère marcher 45 minutes chaque matin pour me rendre en cours. Mais après tout, le chemin n'est pas si désagréable.

Bucolique - Ici on voit une descente. Mais en fait, c'est une montée.
Enfin, ça dépend, mais à l'aller, c'est une montée, alors qu'au retour
c'est une descente. C'est clair, non ?


Hôpital pour enfant - Avec ses couleurs chatoyantes, il ne vient pas
tout de suite à l'esprit que ce bâtiment est en fait un hôpital.


Les stades - Tout n'est pas visible, mais les pourtours du campus
comportent un stade de rugby, un stade de foot, un stade de hockey
sur gazon et quatre cours de tennis. Et si vous vous posez la question,
oui, cette photo n'a pas été prise le même jour que les quatre précédentes.


Enfin, c'est sympa quand il fait beau. Mais depuis que les premières neiges sont tombées, je me suis déjà pété la tronche 3 fois dans la montée.

Mais je vous parlerai de l'hiver canadien dans un prochain billet, car je m'aperçois que cette introduction est déjà relativement longue. J'espère que cette mise en bouche vous aura plus, et vous dit à très bientôt pour de nouvelles aventures.

samedi 10 novembre 2012

Pré en bulle

Bravo, vous êtes sur le bon blog ! Poussé par une envie d'exotisme et d'aventure suscitée par une existence morose enveloppée dans la rassurante mais ennuyeuse couverture en laine d'un quotidien monotone, vous recherchez un échappatoire. En ouvrant votre navigateur favori, vous vous imaginez déjà lire sur ce blog des histoires de grizzlis, de forêts désertées par les hommes où seuls quelques trappeurs hirsutes se nourrissent de baies et de glands, de tribus indiennes oubliées qui n'auraient pas encore connu les caméras de Frédéric Lopez dans "Rendez-vous en terre inconnue" (il n'en reste plus beaucoup). Hum ...

Je ne sais pas si je vais pouvoir répondre à de telles exigences, mais je vais faire de mon mieux. Je vous propose donc de retrouver sur ce même blog, d'une manière plus ou moins périodique, le récit de mes aventures d'étudiant au Canada. Je ferais de mon mieux pour varier les plaisirs : vous pourrez bien sûr y trouver le récit mes diverses péripéties à pied, à ski ou en canoë à la découverte du pays, mais aussi de petites histoires en apparence banales mais tellement dépaysante, et le tout agrémenté de photos commentées. Je ferai tout mon possible, et dans une prose digne ... disons d'un Ernest Hemingway après deux verres d'absinthe, de vous faire revivre au mieux cette sensation mêlant dépaysement, enchantement et soif de découverte, avec si possible un peu d'humour, dans la limite (très faible) de mes capacités.

J'espère que ce qui va suivre vous plaira, aussi je vous dis à très bientôt pour le premier billet.

PS : pour satisfaire mon narcissisme, j'ai décidé de ratisser large. Aussi, parmi la famille et les amis se sont probablement glissés d'autres petits camarades rencontrés sur le web. Afin de rendre les choses plus simples et ne pas dévoiler mon identité secrète, je narrerai désormais mes histoires sous le nom de Neil McCandless, mon avatar au pays de Félix Leclerc et de Céline Dion. Ce nom rend en hommage d'une part à Neil Young, songwriter Canadien et musicien émérite s'il en est, et d'autre part à Christopher McCandless, aventurier amoureux des grands espaces qui deviendra le héros romantique et complexe du film "Into the wild" de Sean Penn (culte !) (NB : ce paragraphe n'a plus lieu d'être depuis le changement de pseudo utilisé pour le blog en 2017)